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N'importe où hors du monde - Critiques Fantasy/SF/Horreur
22 août 2018

“Sans un Bruit” de John Krasinski

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J'ai toujours une grande appréhension avant d'aller voir un film d'horreur. Pas parce que je crains qu'il me fasse trop peur, mais parce que je crains qu'il ne me touche pas. Malheureusement, c'est une situation dans laquelle je me retrouve assez souvent. Surtout en ce qui concerne les films d'horreur “conceptuels” comme l'est “Sans Un Bruit”.
L'avant dernier film de ce genre que j'avais vu était “Unfriended” de Levan Gabriadze. Toute l'histoire tournait autour d'un groupe d'adolescents victimes d'une vengeance posthume par une camarade de classe via une discussion Skype. Le principe de base était intéressant, mais le film ne tenait pas sur la durée. J'étais profondément lassée de devoir rester plantée devant une fausse fenêtre Skype pendant plus d'une heure pour voir, au final, un teen movie horrifique bateau avec des scènes de meurtres beaucoup drôles que terrifiantes. Il était clair que l'innovation ne marchait pas dans ce cas-là. Une expérience interactive sur la plateforme aurait été beaucoup plus efficace. C'est à étudier…

J'avais donc assez peur que “Sans Un Bruit” entre dans ce cas de figure. Mais j'en suis ressortie soulagée d'avoir enfin ressenti une véritable angoisse devant un film d'horreur récent.

Dans ce film, nous suivons la famille Abbott, deux parents et trois enfants qui évoluent dans un monde où l'humanité a été décimée par des créatures (probablement extraterrestres) aveugles, mais qui possèdent une ouïe surdéveloppée. Cette famille parvient à survivre en faisant le moins de bruit possible, notamment en utilisant la langue des signes pour communiquer et en marchant pied nus. Comme le moindre son trop fort peut alerter les créatures, les membres de la famille sont constamment sur leurs gardes, mais personne n'est à l'abri d'une maladresse.

Je dirais que “Sans Un Bruit” et bel et bien un film d'horreur conceptuel, car il propose une utilisation du son qui n'a été que rarement expérimentée (le seul autre exemple que j'ai pu trouver est “Hush” de Mike Flanagan, que je compte aussi visionner). Ici, le réalisateur a voulu faire tenir son film sur l'idée que le bruit attire la menace sur les personnages alors que, en temps normal, c'est la menace qui déclenche le bruit (les cris, les meubles qui tombent, ect). Cette idée fonctionne parfaitement. Je me suis retrouvée scotchée à mon siège en retenant mon souffle de nombreuses fois, comme le reste du public (on sait qu'on est en face d'un film d'horreur efficace quand les spectateurs se taisent tout du long). De plus, pour une fois, les jumpscares ont un véritable intérêt: ils déclenchent à la fois un sursaut et l'appréhension que quelque chose de bien pire va arriver à cause de cette soudaineté.

Une des grandes forces du film est que l'on s'attache très facilement aux personnages, et ce malgré une structure familiale un peu trop “Amérique des années 50 à mon gout”, avec la maman douce, fragile et enceinte et le papa ours looké comme un bucheron. Les enfants sont extrêmement touchants, surtout la jeune ado malentendante. Devant moi-même faire face à ce handicap de manière plus modérée, j'ai été particulièrement touchée par ce personnage, notamment lorsqu'elle refuse les appareils auditifs que lui fabrique son père qui, d'après elle, ne fonctionnent jamais. J'ai aussi beaucoup apprécié que le son soit géré de manière à ce que les spectateurs puissent entendre ce qu'elle “entend”, de façon à ce qu'on puisse comprendre ses difficultés à identifier les sources de danger.

Les seuls reproches que j'aurai à faire concernent d'une part, l'aspect des créatures. J'aurai préféré ne pas les voir entièrement, pour laisser une impression de menace indistincte, trop rapide pour être vue à l'œil nu, comme un fléau. Leur design n'était pas particulièrement intéressant et devenait même grotesque vers la fin du film. D'autre part, comme je l'ai laissé entendre plus haut, je n'ai pas aimé la structure trop “traditionaliste” de la famille, où la survie de la famille repose en priorité sur le père pendant que la mère et les enfants sont clairement montrés en position de faiblesse (après coup, j'ai vu que le film avait été produit par Michael Bay et je ne me suis plus étonnée de rien…). Heureusement, la représentation d'une personne malentendante jouée par une actrice réellement malentendante rattrape un peu ce manque de progrès, surtout parce qu'il s'agit d'une bonne représentation.

Je vous encourage grandement à voir “Sans Un Bruit”, et si ce n'est pas trop tard, je vous encourage doublement à aller le voir au cinéma, où les effets sonores seront logiquement beaucoup plus puissants. Par contre, il s'agit typiquement du genre de film dont on profite beaucoup moins au deuxième visionnage. Mais pas d'inquiétude, le premier devrait suffire pour un très long moment.

- Naomi

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